Quand ton père t’engueule
Orelsan & son père
Pour des bonnes ou des mauvaises raisons, mon père m’a souvent crié dessus
Mais, quand il dit rien, c’est qu’il est vraiment déçu
Putain ! J’préfère qu’il gueule, le pire, c’est les silences
Tout c’qu’il crie sera pas aussi violent que tout c’qu’il pense
Quand t’es p’tit, tu crois qu’ce genre de truc s’arrête
Mais ton père t’engueuleras toute ta vie, t’as dix ans dans sa tête
Tu pues la gnôle, tu bois l’matin…
Question piège, pourtant, normalement, j’tiens l’alcool mais
(ah ouais), c’est la piémontaise
La piémontaise…
Là, il m’demande pourquoi j’suis pas normal
Dit qu’j’ai fait des études, j’suis pas censé descendre l’échelle sociale
Qu’est-ce qu’il a fait d’mal ? Est-ce qu’il m’a bien éduqué ?
C’est la faute de mes potes suspects, comme quand ils m’ont fait fumer
Tout c’que j’arrive à penser, c’est qu’j’ai mal au v…
Ah, oui, beh c’est bon !
C’est bon, calme toi, il a rien ton Mercos de merde, abruti !
Pourquoi les gens sont plus agressifs en voiture ?
Quand ils s’sentent en sécurité, ça fait sortir leur vraie nature
Tu vois c’que tu m’fais faire ?
Ça y est, c’est d’ma faute si tout va mal
J’voulais faire comme lui, me mettre un p’tit verre après l’travail
Ou plusieurs pendant, comme il faisait dans l’temps
J’travaille beaucoup mieux quelques grammes dans l’sang
J’pourrais lui dire qu’j’arrive mieux à faire semblant
J’pourrais lui dire qu’j’arrive mieux à encaisser l’rangement
Mais, bon, tout c’que j’dis sera retenu contre moi
J’ai juste à fermer ma gueule, avoir l’air coupable, jusqu’à c’qu’on s’revoit
On dirait qu’c’est la première fois qu’il s’rend compte que j’bois
Est-ce qu’il s’inquiète vraiment ou est-ce qu’il a juste honte de moi ?
Ça doit être un mélange de tout ça
Un peu comme mes mélanges d’alcool qui font qu’il est en train d’crier : « Pourquoi ? »
Il m’dit qu’j’me rends pas compte de la chance d’avoir autant d’chance
J’ai envie d’faire une blague, pas sûr que ça détende l’ambiance
Son plan était parfait, mon destin tracé depuis l’enfance
Il a juste oublié de m’demander c’que j’en pense
Après, c’est vrai qu’j’lui ai rien dit non plus
Que mon père m’engueule ou pas, j’lui ai jamais vraiment répondu
Tu sais comment on appelle les gens qui passent leur temps à picoler et à trainer dehors ?
Ok, j’vois où il veut en venir mais, pas si vite
J’veux bien rentrer dans son jeu, mais y’a quand même des limites
Il cherche à dramatiser alors que c’est qu’une petite cuite
Oh putain, celle-là, j’suis obligé d’la faire… des Inuits ?
Des clochards, Aurélien ! Clodos, cloches-bottes !
Quand ton père t’engueule, c’est toute ta vie qu’il remet en question
Tu peux avoir eu ton brevet, ton bac avec mention
Ton permis, une coupe du Monde, deux prix Nobel, ça changera rien
T’auras toujours le potentiel pour être un bon à rien
T’es responsable de tous les malheurs de la Terre
De la guerre, de la pluie, de la non-libido d’ta mère
Il m’dit qu’à son époque j’aurais connu la vraie vie
Celle où tu commences à travailler vers neuf ans et demi
Où, pour quitter tes parents, t’emmenais n’importe quelle femme à la mairie
En gros, il m’dit qu’il a grandi dans la p’tite maison dans la prairie
? trom trabélc nu emmoc etuor al ed drob ua essamar et’j’uq tuaf ,tnanetniam ,tE
On parle pas la même langue, dialogue de sourd, on pourra jamais s’entendre
Même si, au fond, j’pense pas qu’on s’en veuille, ce sera vite oublié
Enfin, jusqu’à la prochaine fois qu’mon père m’engueule