20h08 – Dans la place pour être
J’habite une petite ville du 61
J’ai quelques potes qui m’aiment bien : pourquoi ? J’en sais rien !
On a fait deux fois les 400 coups, on marche en crew, on part en couille
Tout raconter rendrait nos parents fous
Après les cours, au skate-park, j’écrivais mes premiers raps
J’ai vidé mes premiers packs, j’ai claqué mes premiers bangs
J’ai mangé mes premières claques
Perché sur la mini-rampe, j’dégueulais mes premiers Jack
Ah !
L’ambiance à la baraque c’était : « Ferme ta gueule et passe ton bac ! »
« Range tes affaires ! », « Applique-toi ! », « Regarde l’état d’ton sac ! »
J’ai plus l’âge pour qu’on m’donne des leçons
J’ai des mauvaises intentions, mais des bonnes raisons
Nan ! Samedi soir, chez moi, c’est hors de question
Pression, technique de ninja pour sortir de la maison
Personne chez Simon, on saccage le bar
On s’évanouit douze heures, on part au centre commercial, on déjeune dans les rayons
À l’époque on pouvait fumer dans les wagons
J’marchais sur mes baggys, j’les trouais sous les talons
Claude a cartonné la 309 de ses darons
C’est quoi c’t’odeur ? Fais tourner l’flacon !
Fraîchement dépucelé, j’ai plus qu’une envie : baiser
Mais j’ramène jamais d’meuf : ma grand-mère croit qu’j’suis pédé
Appelle le dealeur, le code c’est des cassettes de reggae
On part en virée sur nos 49.9 CC
Fainéantise chronique, gin tonic
Fond d’écran pornographique hypnotique
Tony Hawk, Metal Gear Solid, j’profite
Pas assez d’filles, trop d’types
Pogo dans une pièce trop p’tite
On s’cotise pour un paquet d’dix
Cypress Hill, Outkast, Wu-Tang : ma playlist
Tout s’passe comme sur des roulettes
O.R.E.L. : j’suis dans la place pour être…
J’habite dans une banlieue à l’Ouest de Paris
J’revois ces années parmi les plus belles de ma vie
J’pourrais t’en parler le ventre ouvert, j’y repense tout fier
J’te parle de cette époque où j’portais mes cartables en bandoulière
Morveux sur un BMX, moi, j’étais l’un d’eux
Quand l’Bois d’Cergy tout entier était mon terrain d’jeu
Sous mon blouson starter, toujours à la recherche d’une connerie à faire
Et j’y retournerais si j’pouvais faire un vœu
Si dehors j’suis seul, à la maison une femme m’éduque
Mais déjà trop dissipé, j’fuis les salles d’études
On s’bousille à Tekken quand on s’entasse chez Luc
Et en bas d’l’école des Maradas, j’marque des buts
Avec Karl, Nordine, Mouss, David, Fabio, Ayoub
Christophe Leblaye, Steph et Chicano
Ici tout l’monde se connaît, chacun a son équipe
Donc mieux vaut marcher en bande et connaître ses répliques
J’repense aux barres de rire dans l’hall de Pierrick
Les mercredis foot en salle, vitesse technique
Ici trop d’têtes rasées, mecs cramés
Si t’es blanc, ramène des chips au bacon pour pas t’faire taxer
Lycée rime avec mauvais points
J’vais en cours pour élaborer toutes sortes de sèches
Daniel me roule mes premiers joints
J’rentre chez moi les yeux vitreux et la gorge sèche
Première, parano
Merde : grillé par la mère quand elle m’fait cracher dans l’lavabo
Cachette cramée, mon shit fini au camion-benne
J’me revois encore traîner avec Luigi aux Trois-Fontaines
Puis des étangs à Cergy Village
Flashback, soufflette
Musique rap, city stade, roulette
Nan, mes traces au Posca n’sont pas qu’des phrases toutes faites
Gringe est dans la place pour être…