01h16 – Les putes et moi
Des fois tu trompes ta meuf, mais tu t’sens limité
Bah retiens ça : 50, c’est l’prix d’la tranquilité
Le meilleur moyen de t’vider sans t’faire piquer
C’est certifié, penses-y avant d’critiquer
Fini les appels nocturnes, les numéros masqués
Le stress de t’faire péter chaque fois qu’tu l’as sentie vibrer
À toi qui as jamais su tricher sans t’justifier
Dis-toi qu’y’a que Jésus qu’a pas menti, résultat : crucifié
Les putes c’est comme une séance chez l’psy, le p’tit plus
C’est qu’pour le même prix, t’as une personne qui t »consulte et qui t’suce
Sans barrière de langue, ni distinction d’âge
Moi j’avais même pas 20 ans, j’ai vite chopé l’virus
C’était la même chaque jour
J’élaborais des plans savants pour m’faufiler d’chez moi, jusqu’à ces J9 de l’amour
3h du mat’ commence le compte à rebours
J’sors de ma chambre en prenant soin de respecter les étapes sur mon parcours
D’abord les poches de mon père : clés d’voiture
Puis passer par la fenêtre, sortir dehors, mettre les chaussures
Clé sur l’contact, attendre qu’une voiture passe
Camoufler l’bruit quand j’démarre
Rouler un peu plus loin pour mettre les phares
Puis direction la gare sans qu’on m’arrête, non, j’ai pas l’permis
Prise de risque maximale pour public averti
Ma première expérience dans un camtar, j’entends cette p’tite voix qui m’dit :
« Alors, une MST, c’est quoi Jamy ? »
Tu trouves quand même des bonus compris dans l’prix d’vente
Kosovarde ou Béninoise, chope un master en langue vivante
Ressent des pulsions lancinantes
Une douce chaleur qui t’emplis l’ventre
Découvre un monde aux saveurs enivrantes
La sueur de quinze clients incrustée sur un matelas moite
Le parfum des lingettes pour bébé qu’elle se passe dans la chatte
Les lampes à pétrole, l’odeur du sperme
Les corbeilles pleines de capotes qui seront comptabilisées par un mac
Et pendant qu’t’es là et qu’tu fais tes affaires
Une deuxième fille dors à l’avant : les putes travaillent souvent par paire
Crois-moi c’est l’genre de truc qui détendra même les plus complexés
Vive le camtar et sa promiscuité !
Y’a deux écoles : l’estafette ou l’hôtel
Aller chez l’habitant ou choisir l’ennui d’un voyage organisé
Vois pas les choses avec effroi
Dis-toi qu’les femmes ont besoin d’une raison pour l’faire
Nous, juste d’un endroit
Donc j’ai attendu là, tapi dans la pénombre
En attendant mon tour, j’angoisse et j’comptais les secondes
Excitation féconde, mais laisse-moi t’dire le plus kiffant
Une chance sur deux d’attraper l’DASS’ si y’a plus d’lubrifiant
Et j’appelle ça l’amour du risque, explore ton côté sombre
Remonte le col de l’utérus plus vite que Lance Armstrong
Moi j’ai vite appris à calculer leurs vices, penses-tu
Ma bite coincée entre ses cuisses en période de menstru’
Mais j’flirte avec le sordide, j’me débine pas
J’sais qu’l’argent qu’j’lui file va servir à payer les couches et l’Blédina
Ne surtout pas tomber dans l’empathie, crois-moi
T’es dans la merde si tu commences à faire ton délicat
Là elle jouera sa carte fragile et consentante
Et toi, bah tu t’feras alléger les couilles et l’compte en banque
Et c’est une règle de base dans un rapport que tu monnayes :
Te laisse pas attendrir sous peine de t’faire soutirer plus d’oseille
1 : Réprime ta morale
2 : Assouvis tes pulsions
3 : Découvre que rapport payé donne plus d’excitation
Impassible et stoïque, une pute n’éprouve pas d’émotion
Si tu l’as fais cligner d’un œil, t’as rempli ta mission
En résumé du sexe, du stress et des tas d’frissons
Le plus vieux métier du monde perpétue la tradition
En équipe, mieux qu’un Laser Quest, tu perds t’as plus qu’à faire l’test
Veinard si tu t’en tires juste avec un herpès
Les putes et moi, une grande histoire d’amour
Mes premiers émois, mes premiers exploits, premières tranches de bravoure
Combien d’fois j’ai fais l’tour du rond-point pour la quinzième fois
Toujours le même frisson quand j’parle des putes et moi
J’entends souvent : « Pour baiser, j’ai pas besoin d’payer »
C’est bien d’avoir sa fierté, moi j’l’ai fait
Avant 18 ans, j’osais pas tester
Comme j’habitais pas très loin, j’observais leurs vas-et-viens, j’rêvais
J’voyais des mecs perdus et des caisses de PDG
Des pères de familles prendre des putes avec leur siège bébé
C’est vrai, j’ai sauté quelques repas pour essayer
Comment c’était ? À chier !
Chaque fois j’ai regretté
T’es loin du glamour de « Pretty Woman »
Quand tu t’retrouves à rentrer mou dans une vessie toute crade
Quand l’odeur des types d’avant est limite soutenable
Quand tu comprends « Casse-toi, connard ! », quand elle te dit : « Good bye ! »
J’suis rentré chez moi, plastique sur la bite, tout pâle
J’ai mis trois mois avant d’arrêter d’me sentir coupable
Et puis j’y suis retourné quelques fois pour vérifier
On m’a dit d’jamais resté bloqué sur mes premières idées
J’étais fixé, jean baissé entre deux pares-chocs
J’arrive à penser à rien d’autre qu’à l’accident d’capote
C’est qu’une grande carotte
Sauf si t’aimes les plans femmes mortes
En période de règles : supplément ketchup
J’aime les trucs sales dans des endroits propres
C’est tout l’contraire : les lingettes désinfectantes, ça m’bloque
Elles mettent tellement d’lubrifiant qu’tu peux rentrer sans qu’ça frotte
Autant tremper ta bite dans la flotte
Peu importe c’qu’elle fait avec ses mains : elle en à rien à branler
J’ai déjà pris plus de plaisir chez l’médecin
C’est bien si les putes t’excitent
Mais j’ai vu des bouchers découper des poulets d’une manière plus sexy
Si tu crois qu’une pute gémit, t’as du entendre un soupir
Si elle t’refile des chlamydias, tu repars avec un souvenir
Oublie tes fantasmes, elle s’en tape de tes problèmes sexuels
Les putes n’ont aucune conscience professionnelle
Quand elles s’écartent à moins d’un mètre pour aller pisser
Tu vois qu’le service après-vente laisse à désirer
J’m’en bats les couilles de leurs clichés plein d’préjugés
Mais c’est quand même bizarre de pénétrer les réfugiés
Bon. J’ai quand même tenté une autre approche
Nouveau compte en banque, nouvelle décadence
Nouvelle girlfriend expérience
Pour faire avancer la science
J’ai trouvé des sites d’escorts et j’ai tenté ma chance
Pour les plus bonnes, j’attends toujours qu’on m’rappelle
Pour les autres, tu connais l’expression : « Photo non contractuelle »
La première était tellement moche, mon cœur s’est arrêté : AVC
Tu m’crois qu’j’l’ai baisée quand même pour pas la vexer ?
Le temps d’digérer la honte et j’suis chez une femme ronde
Avec une sale tronche, qui veut qu’j’crache en trois secondes
Doit y avoir un chronomètre dans sa chatte blonde
C’est pas dans l’annonce qu’il fallait baiser contre-la-montre
Cette pouffe vénale gâche tout parce qu’elle joue très mal
Prends tes 200 balles et va t’payer des cours d’théâtre
C’est plus fort que moi, j’veux toujours qu’elles m’trouvent spécial
J’ai trop d’égo pour être un coup banal, j’fais tout l’travail
C’est elles qui devraient m’payer
J’essaie d’les mettre à l’aise au point qu’ça m’fait stresser
J’passe les trente premières minutes à bégayer
Quand j’lis les annonces et quand elles s’barrent, c’est mes moments préférés
Des trottoirs aux camtars, aux maisons closes, aux vitrines
Qu’elles arrêtent de s’plaindre, c’est toujours moi la victime
J’ai perdu beaucoup d’amour propre et un peu d’money
Quand j’suis à deux doigts d’craquer, j’me dis qu’la capote aussi
Les putes et moi, une suite d’histoires lamentables
Crois-moi, oublie les films de boule que t’as dans l’crâne
C’est qu’une grande arnaque ou p’t-être que j’ai pas l’mental
Rendez-moi mes 50, mes 100, mes 300 balles
Les putes et moi, une grande histoire d’amour
Mes premiers émois, mes premiers exploits, premières tranches de bravoure
Combien d’fois j’ai fais l’tour du rond-point pour la quinzième fois
Toujours le même frisson quand j’parle des putes et moi